Historique du Viet Vo Dao
Introduction
L’empereur HUNG VUONG (2879 avant J.C.) est officiellement reconnu comme fondateur du Viet Vo Dao. Chaque année, le Viet Vo Dao célèbre son anniversaire vers l’époque de pâques.
Mais en réalité, le Viet Vo Dao est issu du peuple vietnamien et a évolué avec lui au cours de ses terribles combats contre les agresseurs venus de toutes parts de depuis quelques milliers d’années.
On distingue schématiquement trois périodes de l’histoire du Viet Vo Dao.
Période de formation et de développement
Elle débute avec HUNG VUONG à la création du Viet Vo Dao. En 1284, le général TRAN HUNG DAO réunit toutes les écoles d’arts martiaux pour faire face à la menace des HUNGS. Cette période connut son apogée sous la dynastie des TRAN (1225-1400) et sous le règne de l’empereur QUANG TRUNGS (XVIIIe siècle) où le Viet Vo Dao faisait partie de la culture, la pratique étant obligatoire pour les jeunes.
Période d'oubli
Sous la domination Française, le Viet Vo Dao fut complètement brisé à tel point que les jeunes ignoraient le plupart du temps son existence.
Période de renaisssance
Cette période correspond à la période de recherche et de mise en place du Viet Vo Dao par les maîtres vietnamiens au début du XXe siècle jusqu’à ce qu’il est aujourd’hui.
Nous allons nous consacrer uniquement à l’histoire du Vovinam Viet Vo Dao mais il n’est pas le seul art martial vietnamien aujourd’hui reconnu comme étant du Viet Vo Dao.
A parte :
Avant de raconter l’histoire du Vovinam Viet Vo Dao, il est important de décortiquer son nom pour mieux le comprendre.
Vovinam :
- Vo : art martial
- vinam : diminutif de Viet Nam
Viet Vo Dao :
- Viet : transcendant, supérieur, c’est le nom du peuple vietnamien
- Vo : art martial
- Dao : la voie, le chemin conduisant vers un idéal
Historique du Vovinam Viet Vo Dao
Maître Nguyễn Lộc
Maître Nguyễn Lộc (1912-1960) est respectueusement cité comme “Maître Fondateur”, mais historiquement il fut le 1er Patriarche du Vovinam Viet Vo Dao jusqu’en 1960, date de sa disparition.
Il est né en 1912 à Huu Bang, province de Son Tay, au Tonkin (Vietnam). Absorbé par l’étude des arts martiaux vietnamiens et de leur philosophie dès son plus jeune âge, il partit voyager, sur les conseils de son Maître, dans tout le pays afin de bénéficier des enseignements des Maîtres les plus compétents.
Au cours de son voyage, il a découvert de nombreux documents anciens jusqu’alors dispersés et ignorés. En 1938, après avoir mis à de très rudes épreuves ses connaissances, il commença la codification et la structuration des techniques. Il recruta des disciples et créa le mouvement Vovinam Viet Vo Dao. Il mit à la lumière les fondements philosophiques de l’art martial vietnamien.
La 1ère démonstration publique a été donnée au grand théatre de Hanoï en 1939. La première classe est ouverte en 1940, à l’école Normale Supérieure, rue Dô Hûu Tri à Hanoï puis c’est la création de nombreuse classes d’enseignement du Vovinam Viet Vo Dao aux alentours de Hanoï et dans le centre du Vietnam avec des milliers de pratiquants. Le mouvement se développe avec la création de différentes écoles disséminées dans tout le pays.
En 1945, le Maître Nguyễn Lộc présenta officiellement le mouvement à Hanoï et dispensa son enseignement au grand public. En 1951, une fédération nationale est créée à Saïgon
Le Maître Nguyễn Lộc a redonné à l’art martial vietnamien sa véritable vocation en en faisant un art de vie.
En 1960, avant de s’éteindre à Saïgon, entouré de ses disciples, le Maître a prononcé ses derniers vœux et a laissé son testament, ses œuvres ainsi que des anciens livres. Il a également désignéson successeur, le Maître Lê Sáng, et a envoyé d’autres disciples aller propager le Vovinam Viet Vo Dao dans le monde.
Au Vietnam, chaque année, les pratiquants célèbrent très solennellement l’anniversaire du Maître Nguyễn Lộc , le huitième jour du quatrième mois, du calendrier lunaire (équivalent au mois de mai selon notre calendrier).
Maître Lê Sáng
Fils de Le Van Hien et de Nguyen Thi Mui, le Maître Lê Sáng naquit au printemps de 1920 à Truc Bach, dans le Tonkin, au nord du Vietnam.
A 19 ans, à cause d’une maladie, sa santé ne lui permettrait pas de marcher correctement. Sa mère lui conseilla de chercher un maître d’art martiaux, de pratiquer le Vo pour fortifier ses jambes. Le jeune Lê Sáng s’inscrivit au cours de vovinam de l’école normale de Truong Su Pham de Hanoï où le Maître Nguyễn Lộc enseignait.
Á la suite de Dien Bien Phu en 54 il quitta le nord pour s’établir à Saigon où il bâti une école Vo Duong Hoa Lu.
C’est en cette année que Maître Nguyễn Lộc conféra à Maître Lê Sáng la tâche d’enseigner.
Maître Nguyễn Lộc meurt à l’âge de 48 ans en 1960, nombreux étaient ses disciples, mais il désigna son élève et ami le Maître Lê Sáng comme son successeur avec la mission de diriger et de développer l’école Vovinam Viet Vo Dao.
C’est aussi en 1960 que le Maître Lê Sáng obtient le poste de secrétaire général de l’office national pour les arts martiaux, fonction qu’il exercera jusqu’en 1968.
Or l’interdiction gouvernementale de pratiquer les arts martiaux en 1960 contraint Maître Lê Sáng à se réfugier à Ban Me Thuot. Pendant 4 ans, un jeune Maître, Trần Huy Phong, enseigne en secret dans la capitale.
En 1964, le Maître Lê Sáng ouvre un centre d’entraînement à Saigon et réuni les disciples de la promotion 1955 composée de maîtres, professeurs et amis intimes.
A eux tous ils fondèrent le premier comité national de vovinam. Aujourd’hui il est appelé le premier conseil des maîtres de Vovinam. C’est aussi qu’en 1964 que le Maître Lê Sáng est élu Maître patriarche conformément au dernier souhait du maître fondateur.
Jusqu’en 1975, il a dirigé le mouvement Vovinam Viet Vo Dao passant ses journées à entraîner ses élèves et ses nuits voûtées sous une lampe à écrire des articles et des livres formalisant la philosophie de l’art martial du maître fondateur.
Il a également enrichi le programme en y apportant ses propres techniques, inspirées de son expérience pratique.
Grâce à cette expérience il pu appliquer un nouveau concept pour le Vovinam Viet Vo Dao, Môt Phat Trien Thanh Ba (un se développe en trois). Ceci donne naissance à la forme actuelle du vovinam.
Une technique passe par trois formes de travail :
- Un enchaînement de formes isolées ou appliquées avec un partenaire ;
- Techniques enchaînées avec d’autres du même niveau formant un quyen ;
- Pratique à 2, enchainement des techniques en song luyen.
Le 27 mai 1975 à la fin de la guerre du Vietnam, Maître Trần Huy Phong et maître Lê Sáng sont emprisonnés pour de faux motifs politiques et le Vovinam est de nouveau interdit.
C’est le début de la diaspora vietnamienne et par voix de conséquence l’accélération du développement du Vovinam Viet Vo Dao à travers le monde. Alors qu’au Vietnam il n’est plus enseigné que dans la clandestinité. Ce n’est qu’en 1978 qu’il sera de nouveau autorisé.
Maître Trần Huy Phong sera libéré en 1980 et Maître Lê Sáng lui remet alors le titre de patriarche de 3ème génération en 1986.
Après 13 ans de prison, Maître Lê Sáng est libéré. Très amaigri par ces années de souffrance et de malnutrition, ce personnage exceptionnel récupéra en un temps record.
Il commença à travailler sur de nouveaux concepts philosophiques et théoriques ainsi que sur le nouveau programme du Vovinam qui sera officialisé en 1992 et qui voit l’émergence des techniques de troisième cycle en énergie interne.
Maître Lê Sáng décède le 27 septembre 2010 à Saigon à l’âge de 90 ans.
Maître Trần Huy Phong
Maître Trần Huy Phong a assumé la fonction de Patriarche de 3ème génération de 1986 à 1991, date à laquelle il renonce à son titre pour se consacrer aux recherches sur la spiritualités et aux activités culturelles.
Lorsque le Maître Fondateur Nguyễn Lộc disparaît en 1960, le Vovinam entre alors dans la période la plus noire de son histoire, risquant de disparaître à jamais, pour les raisons suivantes :
A cause de la guerre, le nombre des disciples du Maître se réduit à une vingtaine, qui sont dispersés ici et là
L’aîné, maître Lê Sáng, cesse toute activité Vovinam et part s’établir à Quang Duc (de 1960 à 1964)
Le régime NGO DINH DIEM (Sud Vietnam) interdit tous les arts martiaux, y compris le Vovinam
Dans ce contexte, le Vovinam est condamné à disparaître, ce qui est le cas de la plupart des arts martiaux vietnamiens de l’époque.
Heureusement, une nouvelle étoile apparaît, en la personne de Maître Trần Huy Phong. Il est reconnu non seulement comme le rénovateur du mouvement, mais aussi comme l’artisan d’un système complet d’enseignement.
A cette époque Maître Trần Huy Phong est professeur de mathématiques et exerce dans les lycées de Saigon.
Il en profite pour ouvrir des dizaines de classes de Vovinam en tant qu’activité sportive dans le cadre scolaire, ce qui n’est pas interdit et donc légal aux yeux de l’autorité politique.
Grâce à cela, le mouvement Vovinam Viet Vo Dao est non seulement autorisé, mais il se développe encore plus largement. Le nombre de pratiquants est très élevé, avec comme résultat la formation d’une “armée” d’instructeurs jeunes et enthousiastes, une génération de cadres qui sont la base même de la grande expansion du mouvement dans les années 1964-1975.
Le Vovinam Viet Vo Dao se développe considérablement, les tâches deviennent chaque jour plus complexes et difficiles à coordonner.
Il ne peut assumer seul cette responsabilité, il demande donc à ses condisciples de l’assister, ces condisciples sont naturellement des disciples du Maître Fondateur
Maître Trần Huy Phong rassemble un nombre de proches ayant un haut niveau dans d’autres disciplines et arrive à les convaincre de servir le Vovinam.
Il organise lui-même des sessions d’enseignement technique et de formation accélérée pour que ces personnes obtiennent le statut d’enseignant du Vovinam.
Toujours à cette époque, avec ses proches, ils ne se limitent pas au développement du Vovinam, mais ils débordent d’activités socioculturelles, accroissant ainsi la notoriété et l’influence du Vovinam. L’objectif est de créer un mouvement Vovinam qui pénètre profondément et largement la masse vietnamienne.
Au plan culturel :
Organisation de cours et de sessions de préparation aux examens scolaires (appelés cours collectifs) réservés aux élèves pauvres et démunis.
Au plan humanitaire :
Participation aux oeuvres de bienfaisance et de solidarité sociale. L’un des exemples les plus symboliques : en 1961, le Vovinam organise un grand gala d’art martial et artistique pendant 3 jours d’affilée au stade olympique, afin de récolter des fonds pour venir en aide aux victimes des inondations de la région Ouest.
Ce qu’on peut retenir de ce Maître, c’est son activisme tant sur le plan technique en ouvrant le célèbre centre Hoa Lu de Saigon d’où furent formés notre Maître Nguyễn Điên et bien d’autres maîtres internationaux mais aussi le Vo Dao Quan destiné aux maitres vietnamiens et du monde entier, que sur le plan philosophique avec son oeuvre qui est l’ouvrage philosophique le plus important du Vovinam, Cach Mang Tâm Thân, la révolution du corps et de l’esprit.
Il est décédé le 13 décembre 1997, après une longue et douloureuse maladie, pourtant il travailla intensivement pour le Vovinam jusqu’au dernier moment de sa vie.
PLUS DE PATRIARCHE
Lors de l’assemblée mondiale des Maîtres de Vovinam Viet Vo Dao à Paris en 1996 a été voté la résolution suivante : le titre de Patriarche et sa ceinture sera caduque dans notre système de grades après la disparition de Maître Lê Sáng.
Maître Nguyễn Điên
Elève direct du Maître Trần Huy Phong, il a été formé principalement au Centre Hoa Lu de Saigon.
Maître Nguyễn Điên arrive en France en 1977. Il participe aussitôt aux activités Vovinam en France et plus particulièrement en Aquitaine où de nombreuses ceintures noires vont être formées sous sa responsabilité : Gautier Marcel, Chalifour Bernard, Borderie Hervé, Pulido Marco, Robalo-Dias David, Robalo-Diaz Olivier, Eyma Patrick, Grolleau Bertrand, Pierre Valérie, Penot Sacha, Chabineau David, … C’est un expert dans le “Vat” (la lutte vietnamienne) , il est surnommé le “Buffle” car il est invaincu au Vietnam.
Maître Nguyễn Điên est une des illustres figures du Vovinam Viet Vo Dao France. C’est un responsable serviable et efficace, et d’une grande discrétion. Ses qualités lui ont attiré le respect et l’attachement de tous.